Le trait d’union qui compte double

 Ils ont, à eux quatre, 22 ans de moyenne d’âge et déjà une impressionnante maturité ! Dans les propos, dans les actes, dans la musique, dans la maîtrise des choses et de leur avenir… Ils gèrent leurs cinq années d’existence comme s’ils avaient déjà vécu 20 ans d’expériences, avec cette indemne fraîcheur en plus, doublée d’une inébranlable niaque qui d’ailleurs vous explose à la figure lorsque vous les découvrez sur scène…
Nous avons profité d’une rencontre privilégiée avec LE groupe qui monte, qui monte… juste avant qu’il monte d’ailleurs sur la scène de l’Oméga Live, ce fameux soir du samedi 10 octobre, en clôture de festival Rade Side of the Moon.

Hyphen-Hyphen_presse01A l’heure où chacun se réclame d’une mouvance, d’un style, d’une mode, où il est préférable d’empiler les références, et surtout d’avoir les bonnes, Hyphen Hyphen est simplement Hyphen Hyphen.
Avoir son propre langage, sa propre voix, sa propre musique, avoir une personnalité sans se soucier des canons de l’époque… Santa, Adam, Zac et Line n’aspirent qu’à ça : être eux même, s’évader des schémas classiques de la pop et de ses habitudes un peu mécaniques. A bas les gimmiks, les hooks, les structures habituelles qui font le rock, la pop ou l’électro aujourd’hui. Ils sont ici évacués, réécrits, revisités. Chez eux, composer c’est créer, chercher un son qui évoque une couleur, une image et pas simplement une note qui suit une autre.
Ils le confessent, ils sont de leur génération : celle qui s’est nourrie, grâce à la technologie, de tout ce que les décennies musicales précédentes avaient à proposer, celle qui n’a pas peur de se réclamer des plus grands succès mainstream aux découvertes les plus pointues.
Une envie farouche d’éviter de s’installer dans une mode, mais plutôt chercher le bon titre, la mélodie intemporelle. L’envie de faire un disque, c’est l’envie de faire leur disque, sans se soucier de ce qui les entoure. Ainsi est né, le 18 septembre 2015, « Times »… l’album qui nous permet de découvrir Hyphen Hyphen, vraiment !

Christine

Christine : Hyphen signifiant « trait d’union » en anglais, ça nous amène tout de suite à la question : ce trait d’union c’est le vôtre ?  Celui de quatre potes lycéens à l’origine d’Hyphen Hyphen ?
Santa : Oui, Hyphen c’est ce lien qu’on a soudé entre nous et qu’on espère surtout créer avec les gens à travers notre musique qu’on veut la plus universelle et fédératrice possible. Cette histoire a commencé fin 2010, à la sortie du lycée à Nice !  En fait, Adam et moi on se connait depuis toujours. Zac et Line nous ont rejoints après. Nous avions tous les quatre l’envie de faire, ensemble, quelque chose de nos vies, d’avoir un projet à partager.  Sans jamais avoir joué dans un groupe, on pratiquait un instrument chacun de notre côté. Alors, la Musique a été pour nous le “médium” par lequel on pouvait le mieux s’exprimer.

Et donc depuis fin 2010, il s’est passé quoi ?
Santa : Chacun a naturellement trouvé sa place : Zachary à la batterie, Line à la basse, Adam à la guitare et moi aux claviers et au chant, même si au début on n’était pas sûr pour le chant ! Mais lorsque nous avons travaillé sur la composition de notre premier album « Times » – sorti le 18 septembre -, nous sommes devenus un peu des producteurs, des chefs d’orchestre, ce qui nous a obligés à aller au-delà de nos propres limites instrumentales proposer des chansons, des contenus dans leur ensemble.
Zac : En gros, on a des instruments de prédilection qu’on joue sur scène mais ensuite, on pense les musiques intégralement, sans barrière instrumentale.
Adam : Lorsque l’un de nous compose, c’est un morceau entier, c’est-à-dire avec toutes les parties de chaque instrument. Ensuite, on échange nos morceaux et on arrange à notre instrument. Hyphen Hyphen c’est un échange collectif et c’est toujours ce trait d’union qui nous relie en permanence.

Parfois, on a du mal à se supporter même si on s’aime beaucoup !!

Hyphen Hyphen_10-10-15 (30)On peut dire que vous êtes assez fusionnels alors ?
Santa : Oui complètement ! Ça nous tue mais… (rires) !

Comment ça ?
Santa : Parfois, on a du mal à se supporter même si on s’aime beaucoup !! Le fait de partager autant et d’être aussi proches, on devient des alter egos menaçants. Mais c’est agréable aussi parce que du coup on s’enrichit mutuellement en permanence…

Si l’on doit résumer vos 5 ans d’existence : vous naissez à Nice, vous faites des petites scènes locales puis régionales. Quatre ans après, vous êtes l’un des groupes en pleine explosion. Toute la presse nationale vous encense, vous faites un JT de 20H sur TF1… Comment vous vivez tout ça ? Ça ne vous monte pas trop à la tête ? Pas trop de pression ?
Santa : On ne s’en rend pas compte ! A vrai dire, ça serait hypocrite de dire qu’on ne s’y attend parce qu’en réalité, on attend ça depuis toujours ! En fait, on a tellement travaillé pour ça que pour nous, c’est la concrétisation de tous nos espoirs. C’est cohérent. Ça fait 4 ans qu’on est en tournée… 200 dates où l’on a gagné 20 personnes par 20 personnes… En fait, ce qui nous effraie davantage, c’est plus le caractère éphémère de ce micro-buzz. Il faut éviter cet écueil et j’espère que notre album a assez de fond pour gagner la confiance du public sur le long terme.

Et cette confiance, tu sens qu’elle se construit avec ce nouveau public ?
Santa : Je le vois surtout en répondant aux messages sur facebook. Les fans de la première heure sont toujours bien présents et ceux qui arrivent sont déjà très impliqués. Du coup, je me dis que ce n’est peut-être pas qu’éphémère et qu’on est en train de créer un vrai lien, le deuxième trait d’union d’Hyphen en quelque sorte !

Tu disais au début que vous étiez producteurs de votre projet. Donc vous avez les mains assez libres pour faire vos choix artistiques, notamment sur votre premier album ?
Santa : Absolument ! Et on a trouvé le meilleur label pour ça : Parlophone chez Warner.
Zac : Ils nous ont laissé la possibilité d’être nos propres réalisateurs et producteurs et n’ont rien imposé !
Santa : Ils ont cru en nous et c’est une réelle prise de risque de leur part car ils ont investi pas mal d’argent pour réaliser un album de cette ambition.  On a tout fait pour que cet album ait un caractère intemporel d’où aussi le nom de « Times ». On veut  proposer une musique qui pourrait être écoutée il y a 30 ans ou dans 30 ans !

On veut garder toutes les libertés pour pouvoir explorer d’autres territoires.

Quand on fait un premier album, on pense souvent au deuxième. Le prochain sera dans la même veine que celui-là ?
Santa : Absolument pas !  (rires). On veut garder toutes les libertés pour pouvoir explorer d’autres territoires.
Zac : Le style « Pop » dans lequel on évolue nous permet d’aller très loin dans la créativité et donc de faire plein de choses différentes sans perdre notre identité.

Hyphen-Hyphen_presse02Vous associez à votre musique une vraie démarche d’image. Avec ce côté super héros complètement décalés, à mi-chemin entre le virtuel et le réel, quel message vous voulez faire passer ?
Santa : Il y a l’idée de sortir d’un cadre pour que les gens puissent projeter une espèce d’idéal et sortir de leur propre quotidien. Mais pour être honnête, initialement, c’était aussi pour se démarquer des autres groupes lorsqu’on faisait des tremplins locaux ! Ceux qui affirment ne se démarquer que par leur esthétique musicale, c’est très prétentieux ! (rires). Nous on l’était peut-être un peu moins, et on avait envie de se démarquer par l’esthétique dans tous les sens du terme ! Je pense que dans tout projet pop qui marche aujourd’hui, il y a cet aspect-là ! C’est important pour nous de maîtriser cette image et c’est d’ailleurs pour ça que nous avons fait aussi le graphisme de l’album…

En clair, vous faites tout vous-même ! Vous avez 22 et 23 ans et vous réussissez à gérer tout ça ? Normalement, il faut 20 ans de carrière pour y arriver…!
Santa : (rires). C’est vrai qu’on ne dort pas beaucoup ! Les gens n’ont pas le son de cette interview et heureusement parce que j’ai la voix éraillée ! Mais oui, ça commence à être un peu épuisant et c’est pour ça qu’on aspire à s’entourer et à s’enrichir d’autres personnes, comme un styliste pour pouvoir déléguer certaines parties, tout en gardant quand même la maîtrise des choses. C’est ce qu’on fait aussi avec Parlophone. On collabore avec eux et on décide ensemble, mais ils ont une réelle part dans le projet et dans la façon dont ils gèrent notre promotion. Et vraiment, merci à eux !

Quand on réussit un parcours aussi fulgurant en si peu de temps, à quoi peut-on rêver ensuite ?
Santa : Oh la-la ! On rêve à tellement de choses ! (rires).  Pour nous, c’est que le début, du moins j’espère !! La prochaine étape ? C’est l’international ! Et il y aura toujours des étapes après. Mais le chemin reste long et on n’est rien à l’échelle du monde.
Zac : C’est comme un grand processus hyper diffus qui nous ouvre de nouvelles portes tous les jours, avec des petites récompenses de temps à autre qui nous font avancer. Mais une fois encore, pour nous le plus important c’est de faire perdurer cet envol pour que ce soit viable.

Tant qu’il y aura le public pour venir nous voir sur scène, ça restera toujours la plus belle des récompenses.

A 22 ans, on ne peut que croire évidemment que tout est possible ! Mais n’avez-vous pas peur qu’un jour, vous ne vous satisfassiez plus de ce genre de petites récompenses qui vous font vibrer ?
Santa : Ce qui nous fait vibrer, c’est la scène et jouer devant des gens. Qu’on ait un succès auprès des médias, c’est sûr que c’est agréable et leur appui nous aide à revendiquer notre envergure nationale. Mais depuis nos débuts, on a fait 200 dates et on a réussi à vivre sans ça… Tant qu’il y aura le public pour venir nous voir sur scène, ça restera toujours la plus belle des récompenses.

Dans le vaste univers Electro-Pop que vous habitez, y a-t-il un ou deux groupes qui vous inspirent et sur lesquels vous souhaiteriez prendre modèle, dans la construction artistique ?
Santa : Il yHyphen Hyphen_10-10-15 (31) a « Phoenix » et « Daft Punk », des groupes français qui ont réussi à l’international. Forcément, à nos débuts, ça nous a permis d’entrevoir la possibilité de faire partie de ce mouvement. Et c’est agréable de se dire qu’en étant Français, on peut conquérir l’Amérique !
Zac : Pour moi, c’est Kanye West, en terme de carrière, de construction à la fois business et artistique. Il continue à rassembler un très grand public tout en se renouvelant sans cesse !


Vous jouez ce soir dans le cadre du festival « Rade Side of the Moon » créé par l’association Tandem. C’est une structure qui vous soutient depuis le début. Et là, vous êtes LA tête d’affiche du festival, ça vous fait quoi ?
Santa : C’est vrai qu’avec Tandem, on a commencé comme première des premières parties et là, on occupe une place privilégiée dans leur magnifique festival. On est super fier et hyper heureux ! Merci Tandem qui pour moi est la seule association PACA qui a un réel accompagnement artistique et une réelle projection de l’artiste. Effectivement, ils ont été là depuis le début, et c’est le genre de partenariat qu’on n’oubliera jamais !

« Times », c’est 12 sentiments différents, caractérisés dans 12 chansons balayant les plus grandes émotions possibles.

Vous êtes tous originaires de Nice où vous résidez encore. Mais quand on a des ambitions de cette envergure nationale, voire internationale, il faut s’attendre à quitter le berceau à un moment ou un autre… ?
Santa : On a encore du mal pour ça ! Parce qu’il fait trop beau ! (rires). Mais oui, on va certainement déménager et à vrai rien ne nous fait peur ! Et puis, on reviendra très souvent « chez nous » pour composer. Toutes nos familles, tous nos proches sont là et c’est en revenant nous ressourcer auprès d’eux qu’on pourra mieux retourner à Paris enrichis de nouvelles créations…

Hyphen-Hyphen-TimesPour finir en beauté, on va quand même présenter votre album, tout frais sorti à la rentrée…
Santa : « Times », c’est 12 sentiments différents, caractérisés dans 12 chansons balayant les plus grandes émotions possibles. On a essayé de présenter quelque chose de très sincère… qui nous ressemble.

Donc, lorsqu’on écoute cet album, non seulement on vous découvre, mais on apprend à vous connaître ?
Ensemble : Oui…Vraiment !

 

Retrouvez l’ensemble des photos du concert d’Hyphen Hyphen à l’Oméga Live