“LA MUSIQUE EST LE PARFUM D’UNE ÉTERNITÉ HARMONIEUSE”

Plus qu’une ambiance, c’est une osmose, une communion, un vrai partage qui a réuni Jehro et son public lors de son concert programmé par Tandem le Vendredi 6 Avril à l’Oméga Live. Entouré et sublimé par ses deux complices bassiste et guitariste, Jehro nous a embarqué dans son tour du monde dont lui seul est le guide. Mais avant que l’artiste illumine la scène, l’homme nous a ouvert la porte de sa loge pour une rencontre privilégiée. Interview en toute simplicité où l’on a pris le temps de faire le tour de son monde…

Lorsqu’il y a 12 ans, comme des milliers d’auditeurs, je me laissais bercer par les ondulations mélodieuses du titre « Everything », je me demandais quel artiste afro-cubain pouvait bien se cacher derrière ce chant chaloupé… ou bien quel interprète latino-américain pouvait faire vibrer ce timbre chaleureux, ou peut-être quel messager caribéen pouvait faire résonner ces accents ensoleillés… Finalement, qu’importait l’origine, cette voix tellement familière et pourtant si nouvelle distillait une musique tellement universelle et pourtant si emprunte de profondeurs culturelles. J’étais loin alors d’imaginer que cet homme au nom exotique de Jehro vivait à quelques dizaines de kilomètres de mon domicile varois, juste à quelques hauteurs supplémentaires où la nature peuple l’espace bien plus que l’espèce touristique !

Dès lors, j’ai découvert l’univers de Jehro…j’ai écouté, j’ai ressenti, j’ai rêvé, j’ai médité, j’ai voyagé… quelque part en flottaison au-dessus d’un monde unique peuplé de tant de différences. Douze ans plus tard, j’ai compris d’où m’était venue cette sensation d’apesanteur et de sérénité à l’écoute d’un artiste que j’avais l’impression de si bien connaître. Face à lui, enfin, cette première rencontre était comme des retrouvailles ! L’évidence d’un échange où je savais que nous allions nous comprendre, nous retrouver dans ces sentiments si paradoxaux entre l’effroi de la folie des hommes et l’espérance d’un monde que l’Homme pourrait rendre meilleur.

Jehro c’est une forme de sagesse, d’intégrité, de pudeur, de discrétion et en même temps une boule d’humanité qui vous pète à la gueule avec une telle déflagration que vous auriez envie de tout balayer pour tout reconstruire par Amour, par Passion, par Bienveillance. Un monde où le seul langage qui unirait les hommes serait celui où aucune note ne sonne faux tant la musique est vraie !     Christine Manganaro

 


Christine
 : En découvrant tes origines familiales, il semblait évident que tu allais devenir artiste
Jehro : Effectivement, avec un père auteur-compositeur et une mère qui était très résonnante à l’univers artistique et qui posait aussi pour les peintres, je pouvais difficilement y échapper ! Quand j’étais môme, mes parents avaient un tas d’amis qui exerçaient des métiers très variés : photographes, comédiens, peintres musiciens…. ça donnait de sacrées ambiances à la maison qui ont profondément marqué mon enfance !

Ton père musicien appartenait au courant que l’on appelait Rive Gauche ?
Rive Gauche désignait à l’époque des artistes à textes réunis par une connotation assez poétique, ces chanteurs à textes voix-guitare dans la lignée de Brassens, Mouloudji, Moustaki….

La « rive gauche » n’est visiblement pas la berge que tu as choisi d’emprunter. Tu n’as jamais envisagé de suivre les pas de ton père ?
Il est possible que les enfants soient plus ou moins les digressions des parents ! (rires). Cela dit, on conserve toujours une part d’héritage, et dans une certaine mesure je reste assez proche de ce que faisait mon père en commençant toujours voix-guitare pour la composition d’une chanson. Ensuite je construis autour. Et cet héritage-là me permet d’écouter la musique que j’ai à l’intérieur de moi et d’essayer de la transmettre de la façon la plus simple et la plus sincère possible.

Je suis une sorte d’analphabète sensible et à l’écoute

Donc ces grands « gauchers » de la poésie française ont quand même nourri tes sources d’inspiration ?
Absolument, car pour moi ils incarnent la poésie sous tous ses aspects. Ces auteurs-compositeurs comme Brassens, Mouloudji, Brel, Ferré ont écrit une page de la chanson française extrêmement riche et profonde parce qu’ils abordaient des thèmes émancipés de tous postulats commerciaux. Il y avait un véritable univers et une réelle liberté à laquelle je suis très résonnant. Mais par la suite, j’ai découvert d’autres musiques du monde qui m’ont amené sur un autre parcours…

C’est cette quête de nouvelles découvertes musicales qui t’a fait quitter ta ville natale marseillaise ?
À 19 ans, j’avais besoin de voyager, de bouger, de me débrouiller par moi-même et d’aller découvrir le monde. Londres était à l’époque la ville qui m’était la plus accessible et donc j’ai vécu deux ans là-bas. Ce fut une très belle période de ma vie. J’ai appris la langue sur place, par l’oreille car je suis une sorte d’analphabète sensible et à l’écoute ! (rires). J’ai appris l’anglais comme j’ai appris la musique, par le son car je ne sais pas la lire mais je sais l’interpréter et la composer…

Et tu ne lis toujours pas la musique ?
Toujours pas non ! (rires). Disons que j’ai suivi le rail que l’existence m’a proposé… Parfois on a l’impression que des personnes ont une vie toute programmée. Moi pour le coup, j’ai le sentiment que ça n’intéressait pas trop mon existence que je devienne un technicien musicien. Et je comprends mieux pourquoi aujourd’hui car ma musique est surtout construite sur l’écoute des choses que je recrée avec un autre regard, une autre sensibilité…

Mais cela ne t’a pas pénalisé à certains moments, notamment pour travailler en équipe ? Ce n’est pas toujours facile de communiquer son ressenti sans pouvoir en faire une interprétation technique…
Certes, une partie de la communication est liée à l’expression verbale. Mais une autre partie, beaucoup plus intuitive et toute aussi efficace, est liée à l’alchimie humaine, émotionnelle, énergétique des présences mutuelles. Et puis, il y a aussi cette part d’inconnu et d’improvisation que j’essaye de respecter quand je fais un album. Parce que justement, entre les maquettes que je crée tout seul dans mon coin, et le moment où l’on met l’album au propre comme on dit, il y a toujours l’instant, le lieu et les personnes présentes qui vont révéler cette part de mystère et de magie. Et si ces trois fondamentaux sont réunis, généralement ça fonctionne bien… (rires)

Je me suis toujours davantage considéré comme un citoyen du monde, l’habitant d’une planète.

 On peut dire que ton parcours artistique s’est fait de bonnes rencontres aux bons moments, d’une alchimie de styles et de cultures qui constitue aujourd’hui l’empreinte de ta musique…
Effectivement, il y a ce côté patchwork dans ma musique. Disons qu’à l’époque où j’ai commencé à sillonner le monde, j’ai découvert des tas de cultures portant leurs musiques, leurs traditions, leur poésie. En cheminant sur mon petit rail – humble rail – j’ai essayé de cueillir par-ci par-là ces choses qui me parlaient. Pour moi, la musique est un tissu multiculturel et j’aime l’idée de cette inspiration interactive autant que cette interaction inspirante !
Je dois aussi avouer que, plus jeune (maintenant ça va un peu mieux), j’avais un réel problème avec mes racines marseillaises car je m’y sentais à l’étroit. Je me suis toujours davantage considéré comme un citoyen du monde, l’habitant d’une planète. Et je pense que ce sentiment profond a vraiment été le filigrane de toute ma musique.

Pourtant, ce n’est pas si facile de s’approprier des cultures dont on n’est pas issus. Or toi, tu arrives à assembler ces pièces du puzzle pour créer un ensemble évident …
Merci, le compliment me touche ! (rires). À travers les voyages, on découvre une richesse qui s’exprime par les cultures mais surtout au-delà des cultures. Je veux dire par là que derrière le « vernis culturel », on est finalement tous à peu près pareils. La culture est juste la façon dont on va exprimer nos émotions, dont on va se comporter avec les autres. Mais dans le fond, la racine est vraiment commune. Et si j’arrive à faire une musique cohérente emprunte de toutes ces cultures, c’est justement en me concentrant, moi petit citoyen du monde, sur cette universalité…

Revenons si tu le veux bien sur ton parcours, ton rail comme tu dis (sourire). Nous parlions de la chanson française, et justement en 1999, tu sors, sous ton vrai nom Jérôme Cotta, un premier album intégralement en français…
Symboliquement, je l’ai appelé « L’Arbre et le fruit ». Comme j’ai perdu mon père très jeune, pour moi c’était une forme d’hommage et ça me semblait logique à l’époque d’écrire en français. Cet album a eu un bon succès d’estime et un petit succès commercial. Mais je me suis rapidement rendu compte que le français n’était pas la langue avec laquelle je me sentais le plus à l’aise.

Mon rapport douloureux avec les marchands du temple m’avait un peu refroidi

Il fallait que « Jérôme » en passe par là pour que « Jehro » s’épanouisse ensuite ?
Non… pas forcément ! La naissance de Jehro s’est plutôt faite après avoir réalisé un deuxième album en français, « Bucolique Anonyme » qui a été terminé, produit, mixé et… jamais commercialisé puisqu’un mois avant sa sortie, la maison de disque a mis tout ça à la poubelle !! Et là, ça a été d’abord une grosse claque et puis surtout une grosse prise de conscience pour moi face à l’industrie du disque et à tous ceux qui en font du business. Pour eux la musique est d’abord un produit commercial qui répond à des objectifs, des enjeux, des profits… Et ça, je l’ai appris à mes dépens. J’avais, et j’ai toujours, une idée très utopiste de la musique. Pour moi, la musique est le parfum d’une éternité harmonieuse. Il y a quelque chose qui vibre très haut et qui descend en nous pour élever nos inspirations, pour nous soigner, pour nous apaiser. Mon rapport douloureux avec les marchands du temple m’avait un peu refroidi et je me suis dit alors que j’allais faire à ma façon, sans forcément gagner d’argent mais je me débrouillerais. J’étais décidé à ne plus collaborer avec les majors et j’étais même parti pour ne plus jamais avoir affaire à ce milieu. Mais « ce milieu » est revenu me chercher d’une autre façon…

C’est ta rencontre à Paris avec Christian Brun et Richard Minier qui t’a « replongé dedans » ?
Oui d’une certaine façon. Ils sont venus me chercher, d’abord pour qu’on collabore sur un album des « Marathonians » où j’ai co-écrit 6 des 12 chansons, et cette collaboration s’est très bien passée. Nous avons tissé une vraie complicité, on a beaucoup ri et ces échanges étaient aussi intenses que doit l’être la musique : quelque chose de créatif, de joyeux, d’insouciant et en même temps de profond. Richard est revenu me voir six mois après, mais cette fois pour me proposer de travailler sur mon propre album qu’il voulait prendre en main et produire. Moi à cette époque, je ne voulais plus monter sur scène, et je lui avais fait jurer qu’il ne m’obligerait pas à revenir dans ce circuit. Nous avons donc réalisé l’album « Jehro », entre Paris et la Provence, avec très peu de moyens. Mais dès qu’on a sorti le premier titre « Everything »…c’est parti en radio direct, et rapidement on a perdu la maîtrise des choses tant l’emballement médiatique nous dépassait. Richard me tannait pour que je revienne sur le devant de la scène. J’ai refusé cinq fois ses sollicitations et la sixième j’ai fini par céder et je suis reparti en concerts.

C’est la musique qui m’amène devant le public et non le public qui me fait composer la musique.

Refuser ce contact avec le public c’est quand même se couper d’un lien fort et particulier pour transmettre et partager ta musique ?
Pour moi c’est la musique qui m’amène devant le public et non le public qui me fait composer la musique. Ce côté un peu « ours dans sa grotte », à créer dans des coins secrets, me convenait très bien (rires). Quelque part, ça a été une bonne chose parce que ça m’a fait beaucoup travailler sur moi. Mais au départ, j’étais plutôt timide et très discret. Bon je le suis toujours un peu mais j’ai beaucoup évolué quand même sur ce point…

C’est la raison pour laquelle tu vis dans un endroit paisible du Haut Var ?
Disons que l’endroit où je vis résonne avec l’idée que j’ai de l’existence. Un peu loin de la folie des hommes. Et plus près de la Nature où il y a une intelligence directe, profonde, instinctive et d’une richesse inconsidérée.

Et c’est là que tu trouves ton inspiration pour composer ? ou bien tu es aussi capable de composer dans un bus, dans un train ?
Les gens et certains lieux m’inspirent parfois, mais la nature reste l’une des plus belles sources d’inspiration. Je ressens sa force, sa bienveillance. On a encore tellement à apprendre d’elle. Ne serait-ce pour qu’on puisse vivre un jour peut-être dans un rapport beaucoup plus harmonieux avec elle. La plupart des découvertes scientifiques sont plus ou moins des copies caricaturales de ce que la nature compose et accomplit depuis longtemps.

Tes textes sont souvent en lien avec cette philosophie de vie ou bien, au contraire, ils véhiculent les messages d’un homme en colère ?
Si j’ai pu être un homme en colère, je ne le suis plus aujourd’hui pour plusieurs raisons mais disons globalement qu’il y a une connexion qui s’est faite à l’existence et à la vie et qui me comble. Je ne vois plus de raison d’être agressif avec mes compagnons de planète. Et il y a une grande partie des choses qui passe bien mieux par la bienveillance mutuelle que par toute forme de colère qui donne place à la violence mais qui ne résout aucun problème.

Rejoignons à nouveau ton chemin. Donc en 2006, avec l’album « Jehro », le succès te rattrape malgré toi, et en 2011 sort l’album « Cantina Paradise », dans la même veine que le premier…
Dans la même veine multiculturelle oui, mais avec de nouvelles voies d’exploration, plus afro-brésiliennes… L’existence reste souvent un mystère parce qu’on est conditionné par notre idée de personnalité, on croit choisir, maîtriser, donner les intentions, mais en fait je me dis que ce sont des synchronismes, des concours de circonstance qui nous guident et nous orientent sur d’autres voies qui nous deviennent alors évidentes. Et on n’aurait jamais pensé que cette idée arrive un jour. C’est le cas pour moi avec cet album et ce rail qui s’est créé tout seul. Il y a tellement de choses à explorer et qui peuvent nous inspirer à l’échelle de cette immensité planétaire.

Ce n’est pas forcément les événements qui sont importants mais plutôt la façon dont on les traverse

Cet album-là n’a pas forcément connu le même succès que le premier. Ça t’a dérangé ou inquiété ?
Aléas de l’existence !! Là aussi j’ai une vision distanciée de tout ça. Ma chanson « Continuando » l’évoque : ce n’est pas forcément les événements qui sont importants mais plutôt la façon dont on les traverse. Le succès m’est arrivé brutalement, bizarrement et par surprise. L’inverse peut arriver aussi de la même façon. Cela dit, cet album qui n’a pas forcément bien marché a reçu quand même un Victoire de la Musique dans la catégorie « Musiques du Monde » en 2012. Va comprendre Charles !! (rires). Dans une certaine mesure, j’ai trouvé ça plutôt drôle. Visiblement, pour les gens du métier c’était un album artistiquement acceptable !

Pour un artiste comme toi qui s’est toujours inscrit en marge du système, ce genre de reconnaissance par les gens du métier reste malgré tout importante ?
Ça fait plaisir, il faut être honnête ! De là à dire que c’est vraiment important… je ne pense pas. Ce qui est important pour moi c’est de savoir que je suis à ma place dans les choses que je fais et que dans une certaine mesure, ce partage véhicule une énergie positive. Donc pour ça oui, la consécration de mon travail est importante pour moi. J’accueille aussi volontiers les gens qui viennent me dire après un concert que ma musique leur a plu, que ça leur a fait du bien, mais tout l’aspect lié à ma personne, le côté « gloire et beauté » m’importe peu et je n’en fais pas une nécessité, loin de là…

 En 2015, ton troisième album « Bohemian Soul Songs » voit le jour, et là pour le coup, tu traverses l’Atlantique pour aller l’enregistrer à Los Angeles mais surtout confier les rênes à un réalisateur. C’est un sacré virage pour un solitaire comme toi !
C’est vrai. Les deux albums précédents, on les avait faits nous-mêmes. Mais pour ce nouvel album, j’avais envie de travailler en association avec un vrai réalisateur, quelqu’un qui avait un vrai point de vue artistique et surtout différent du mien. Mitchell Froom vient de l’univers folk-rock-blues indé. On s’est super bien entendu et il y a eu une vraie belle connexion entre nous. Donc on est parti sur un album totalement organique. On a fait ça un peu à l’ancienne. Tout a été enregistré en analogique, quasiment en une seule prise, en répétant en amont avec les musiciens.

Qu’ils soient à l’écoute de mon univers et ensuite qu’ils en fassent leur propre interprétation et qu’ils y mettent leur propre émotion, ça m’intéressait beaucoup plus.

Des musiciens et quels musiciens ! On peut dire que tu étais plutôt bien entouré…
Oui… tant qu’à faire !! (rires). Davey Faragher à la basse, Michael Urbano à la batterie, Val McCallum à la guitare et le légendaire Alex Acuna aux percussions. Des musiciens très talentueux, très inspirés et surtout des êtres humains particulièrement chaleureux et sympathiques.

Et justement, comment s’est passé cet enregistrement ? Est-ce que tu les as laissés libres de leur interprétation ou bien tu as été assez directif ?
Disons que je leur ai donné une voie d’inspiration à partir de laquelle ils avaient une marge d’expression. Dans une certaine mesure, je ne voulais pas qu’ils fassent du note à note des choses que j’avais écrites. Ce n’est pas forcément la chose la plus agréable pour de bons musiciens. Qu’ils soient à l’écoute de mon univers et ensuite qu’ils en fassent leur propre interprétation et qu’ils y mettent leur propre émotion, ça m’intéressait beaucoup plus. Cette part d’inconnu est nécessaire pour que la musique respire. Je suis resté en contact avec eux. Certains voulaient faire la tournée avec moi mais c’était assez compliqué au niveau logistique et financier.

Et si toi tu allais aux Etats-Unis pour faire une tournée, ce serait beaucoup plus envisageable ?
On a déjà fait ça ! Avec le premier album, on a fait les Etats-Unis d’Ouest en Est et le Canada. Je faisais partie à l’époque des rares Français qui pouvaient s’exporter là-bas mais les budgets étaient accessibles car nous n’étions seulement qu’à deux guitares. Si je devais repartir aux Etats-Unis ça ne me dérangerait pas parce que j’adore les voyages ! Quand tu voyages tu sens que tu es sur une planète et qu’on est tous sur cette boule, paumé dans l’espace… et c’est une belle sensation que moi j’aime bien.

En fait, tu es quelqu’un d’assez paradoxal !! Depuis le début tu nous parles de ton côté solitaire, et en même temps, on ressent que tu as l’âme et le cœur grands ouverts sur l’univers et aux autres !
C’est vrai que j’étais plutôt un solitaire, un « ermitique » il faut l’avouer. Mais j’ai aussi appris à écouter ce que l’existence a envie de me susurrer à l’oreille. Et je pense qu’il y a une partie de l’existence qui se coordonne avec l’extérieur, et l’autre qui est à l’intérieur de nous. Donc mon côté paradoxal ne l’est peut-être pas tant que ça !

C’est dans le cœur du son qu’il se passe quelque chose

Pour conclure notre entretien, regardons l’avenir et parlons de tes projets
Alors, moi je dirais plutôt parlons du présent ! Et bien je suis en train de travailler sur le prochain album. Pour l’instant je dois avoir une bonne dizaine de titres. Il en faudrait encore 5… ou 7. Et puis après je regarderai ce qui fonctionne…

C’est seulement après cette étape que tu imagineras comment construire ce nouvel album ?
Oui. D’abord je laisse aller l’inspiration et après je regarde comment les chansons résonnent ensemble. J’aime travailler dans cette idée car elle enlève beaucoup d’angoisse. Je ne suis pas dans une perspective de contrôler à tout prix mon univers, je crois que c’est plutôt l’univers qui me contrôle. Donc en fait j’essaye de faire confiance à ces choses qui ne sont pas de mon domaine et de les inclure dans mon processus de création. La musique nous guide toujours dans les bons endroits et vers les bonnes personnes.

La musique reste un éternel langage universel…
Oui, elle traverse toutes les cultures et surtout elle véhicule des valeurs extrêmement profondes. Même derrière le texte, c’est dans le cœur du son qu’il se passe quelque chose. Et d’ailleurs, on vit une époque où l’on n’a jamais entendu autant de musique sans doute parce qu’on n’en n’a jamais eu autant besoin…

Merci à Martine pour les photos instantanées prises pendant l’interview

Découvrez les photos du concert de Jehro à l’Omega Live le vendredi 06 avril 2018 ici