L’HOMME EN COLERE !

Tristesse et déception en apprenant l’annulation du spectacle “Vends 2 pièces à Beyrouth” de Jérémy Ferrari au Zénith de Toulon ce Jeudi 4 mai 2017 ! Petite consolation en apprenant, dans la foulée, qu’un autre rendez-vous est fixé au 15 novembre 2017 au Théâtre Galli, un lieu certes moins “grandiose” mais que notre humoriste connaît bien pour y avoir déjà fait salle comble en 2016.

Bref ! Nous chez Cibiwaï, après 40 minutes d’interview téléphonique particulièrement nourrie et sympathique, on l’attendait l’eau à la bouche, l’œil ouvert et l’oreille alerte pour “juger sur pièce” ce spectacle “si peu recommandable” que seul, Jérémy Ferrari peut se permettre d’assumer totalement! Il nous faudra donc encore patienter un peu mais nous ne vous ferons attendre davantage pour découvrir cet entretien peu scolaire avec ce mauvais élève passé maître de l’humour noir…

 Christine : Avant de parler de votre actualité, faisons un petit retour en arrière. À priori, vous n’étiez pas un enfant très doué pour les études, du moins vous étiez un élève plutôt dissipé. C’est vraiment grâce à la comédie que vous avez pu grandir dans tous les sens du terme ?
Jérémy Ferrari : “Un élève pas doué du tout” vous pouvez le dire… avec une moyenne générale qui ne dépassait guère les 1,75/20 !! (rires). J’avais de vrais soucis de concentration donc je ne retenais pas les choses et encore moins de la manière dont on me les enseignait ! Un peu plus tard, j’ai eu un vrai rejet de l’éducation nationale mais pour de vraies bonnes raisons…
… Je vais vous donner un exemple : le Français était la seule matière pour laquelle j’avais encore un semblant d’intérêt. Un jour, on nous a proposé un devoir sur la peine de mort, une sorte de dissertation où il fallait exprimer son opinion et l’argumenter. Je trouvais ça chouette de laisser la possibilité aux élèves de dire s’ils étaient pour ou contre et surtout de dire pourquoi. Mais avant de commencer l’écriture, nous devions lire deux textes qui nous étaient imposés. Celui qui prenait position en faveur de la peine de mort était un texte totalement idiot, dénué d’arguments et donc absolument pas convaincant. L’autre texte était une allocution de Victor Hugo, un fervent opposant de la peine de mort, militant pour son abolition, mais aussi et surtout un brillant auteur et orateur. Alors, même si je suis fondamentalement contre la peine de mort, cet exercice m’a finalement scandalisé au moment où j’ai compris qu’ils voulaient nous faire croire qu’on avait la possibilité de donner notre avis, alors qu’en fait on était totalement manipulés et orientés vers ce qu’ils voulaient entendre. Je crois que cet épisode a été le déclic qui a fini de me faire décrocher complètement du système scolaire…

Pour une fois j’étais “celui qui était bon” et je pouvais gagner la reconnaissance de mes camarades, avoir un “statut”

J’ai l’impression en écoutant cette anecdote qu’on tient la genèse de votre personnalité ? C’est à dire votre façon si caustique de vous exprimer, surtout en disant des choses que “certains” n’ont pas envie d’entendre…
Absolument… je pense que faire taire les gens, c’est générer le fantasme et que le fantasme peut être dangereux dès lors qu’on veut y goûter pour voir si c’est aussi bien qu’on peut l’imaginer… À mon sens, il vaut mieux laisser parler quelqu’un qui dit énormément de conneries pour pouvoir démonter son argumentation. Vous évoquez la genèse de ma personnalité, je n’y avais pas forcément pensé de cette façon mais une chose est sûre, l’injustice me met très en colère. Quant au rapport avec le théâtre, évoqué au début de notre conversation, effectivement vous avez raison, ça m’a permis de trouver ma place et de me construire. Ayant des facilités, pour une fois j’étais “celui qui était bon” et je pouvais gagner la reconnaissance de mes camarades, avoir un “statut”. Alors du coup, je me suis jeté là-dedans et ça m’a semblé une évidence d’en faire mon métier.

 Vous avez quitté l’école très jeune, à 17 ans, sans imaginer à l’époque que vous franchiriez les portes d’une université une quinzaine d’années plus tard pour les besoins de votre spectacle?
Absolument ! Comme je ne suis pas allé longtemps à l’école, il me manquait effectivement pas mal de bases pour écrire mon spectacle “Vends 2 pièces à Beyrouth” sur le thème de la Guerre. Donc, je suis allé voir un professeur de La Sorbonne que j’avais rencontré sur un Salon du Livre et avec qui j’avais sympathisé, pour lui demander de m’apprendre ces fondements de la géopolitique, mais en veillant à rester le plus loin possible des programmes scolaires de l’éducation nationale !! Je lui ai demandé de m’enseigner et de me montrer tous les points de vue. Il m’a concocté un programme à la carte principalement nourri de questions, d’échanges, de débats…

 Mais vous n’aviez pas fait la même démarche pour l’écriture de vos deux précédents spectacles consacrés à la Religion : “Mes 7 péchés capitaux” et “Allelujah Bordel”
En fait si, mais pas de la même façon. Je commençais tout juste à étudier la religion quand j’ai commencé à écrire “Mes 7 péchés capitaux”. Autant dire que j’étais loin d’être au bout de mon travail. Du coup, “Mes 7 péchés capitaux” était plus un essai qui n’était pas très réussi d’ailleurs ! (rires). Alors, je me suis remis à étudier la Religion de manière beaucoup plus intense pour accoucher “d’Allelujah Bordel”. C’est là que j’ai entrepris vraiment ce travail de recherche, d’étude des textes sacrés… J’ai rencontré des imams, des pasteurs, des rabbins, des prêtres, des athées. J’ai lu tout ce qui peut être philosophiquement relié à la religion : des auteurs qui étaient contre comme Nietzsche, mais aussi des gens qui étaient complètement pour comme Saint-Augustin ou Saint-Anthelme. Je ne suis pas allé en cours de Théologie mais j’ai fait globalement le même travail d’investigation que sur “Vends 2 pièces à Beyrouth”.

 On dit que le meilleur moyen d’être proche de la vérité c’est d’être toujours en train de la chercher.

En fait, votre éducation c’est à l’école de la vie que vous l’avez faite… Le spectre de votre humour noir et très provocateur, ne le devez-vous pas à la richesse des rencontres et des échanges qui vous ont ouvert une vision à 360° ?
C’est une très bonne analyse que vous faites ! Pour l’exemple de mon dernier spectacle, on va dire que je me suis nourri à la fois d’un “enseignement universitaire” pendant les deux années que j’ai passées auprès du prof de La Sorbonne, et j’ai comblé le reste par des informations que je suis allé chercher, que j’ai creusées par moi-même… Arriver “vierge de connaissances” et puiser là l’envie me mène ! Et puis, il y a eu évidemment toutes ces rencontres, avec des gens de l’ONU, de l’OTAN, du personnel d’ONG, des diplomates de tous les pays… Je suis même allé jusqu’à essayer d’étudier et de comprendre les motivations des extrémistes en les rencontrant.
On dit que le meilleur moyen d’être proche de la vérité c’est d’être toujours en train de la chercher. Il faut essayer d’être sûr de soi mais pas convaincu parce que si on est convaincu, on se trompe forcément dans la mesure où il y a toujours plusieurs vérités. Moi j’ai rencontré des Israéliens et des Palestiniens. Tu parles à l’un : il est convaincu d’être quelqu’un de génial. Tu parles à l’autre : il est persuadé d’être quelqu’un de formidable. Et là tu te dis : “mais quel est l’enfoiré qui a monté ces deux mecs l’un contre l’autre ? En fait, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne s’entendent pas” !! C’est ça le problème et c’est ça que j’ai voulu démontrer dans ce spectacle.

“Si un jour je deviens un humoriste plus “léger”, c’est que j’aurai perdu cette colère et ce sera une erreur de ma part parce que ça voudra dire que je ne suis pas resté assez connecté à la réalité !”

Pourriez-vous envisager de faire de l’humour plus “light” et bon enfant, ou bien ce sont tous ces questionnements très profonds qui vous animent pour écrire vos spectacles et qui font aujourd’hui votre signature, votre identité ?
Non, je ne crois pas que je serais capable de faire autrement parce que c’est vraiment une forme de vision, de réflexion et une construction psychique qui font que les choses me viennent de cette manière. Je ne pourrais pas changer ça, surtout que je le cultive plutôt que d’essayer de le dévier. Le seul danger, je pense, et là-dessus il faut être vigilent, c’est de rester connecté à la réalité malgré le succès. Parce que le succès peut vous couper des gens. Et si vous perdez ce sens de la réalité, vous pouvez devenir un peu moins en colère. En tout cas, si un jour je deviens plus “léger”, alors c’est que j’aurai perdu cette colère et ce sera une erreur de ma part parce que ça voudra dire que je ne suis pas resté assez connecté à la réalité !

Donc en fait, je pourrai titrer mon papier “Jérémy Ferrari, l’homme en colère” ?
Oui, de toute façon, c’est vraiment la colère qui m’anime !

Mais parfois la colère rend aveugle ! Vous, au contraire, elle vous ouvre les yeux, les oreilles, l’esprit… et la bouche aussi !!
(Eclats de rires). Il faut quand même se méfier parce que la colère reste quelque chose de très pernicieux qui peut vous faire dévier, déraper, aller trop loin, vous faire faire ou dire des choses que vous ne pensez pas. Alors il faut rester vigilent avec sa propre colère qui peut devenir dangereuse et se retourner contre vous. Mais effectivement, à l’inverse, la colère peut devenir un vrai moteur. Personnellement, je trouvais injuste de ne pas pouvoir vivre de mon métier et c’est ça qui me faisait avancer. Même si aucune porte ne s’ouvrait, si rien ne me laissait présager que ça marcherait un jour, je m’acharnais grâce à cette colère !

Mes textes n’ont jamais été relus, ni censurés, j’étais libre de dire tout ce que je voulais !

Vous me donnez une occasion formidable de rebondir, et de reprendre le cours de votre histoire. Vous êtes monté à Paris très jeune mais vous avez visiblement bien galéré ! Jusqu’au jour où… vous avez croisé le chemin de Laurent Ruquier. On peut dire qu’il a été votre sauveur ?
C’est clair ! Ma rencontre avec Laurent a même totalement changé ma vie ! Ça faisait 10 ans que je ramais. J’ai rarement réussi à être intermittent du spectacle si ce n’est pendant un an… et encore, en achetant les cachets qui me manquaient !! Du coup, je galérais énormément, je vivotais de petits jobs que souvent je cumulais, je vivais dans le 93, bref c’était pas la joie ! Mais pour moi, la vraie galère n’était pas que financière… elle était surtout morale parce que je ne parvenais pas à me faire une place dans ce métier, à être reconnu comme tel, et c’était pire ! Mon tout premier spectacle, j’ai dû le jouer à peu près 350 fois devant 4 à 8 personnes !! Le deuxième pareil, et “Allelujah Bordel”, avant qu’il marche, je l’ai joué pendant 3 ans dans un non-succès total !! Mais, envers et contre tout, je me suis vraiment… vraiment acharné, jusqu’au jour où cette émission de Ruquier, “On n’demande qu’à en rire” est née. Au départ, je ne voulais pas y aller parce que je ne suis pas très fan du système de notation (ah mes vieux démons scolaires !). Mais finalement, des gens ont parlé de moi à Laurent, lequel a envoyé des gens me voir et me faire passer le message qu’il adorait l’humour noir et qu’il aimerait bien qu’il y ait un “représentant de cet humour” dans son émission. Alors, finalement, j’y suis allé. Le premier thème qu’on m’a donné était très, très chaud : une dame en surpoids ne parvient pas à rentrer dans un four crématoire !! N’ayant rien à perdre, et puisque personne n’a relu mon texte avant, j’y suis allé franco, en faisant même des allusions à la Shoa !!! Finalement, tout le monde a beaucoup ri et dès lors, Laurent s’est systématiquement battu pour qu’on me laisse dire absolument ce que je voulais. Mes textes n’ont jamais été relus, ni censurés, j’étais libre de dire tout ce que je voulais !
Ensuite, Laurent m’a embarqué avec lui sur ses émissions de radio, sur Europe 1, sur RTL avec Les Grosses Têtes. Dès qu’il lançait de nouvelles émissions, j’étais dedans… Depuis le départ, il m’a soutenu et maintenant c’est devenu un ami bienveillant et toujours de bons conseils.

 Pourtant, dans le petit monde de l’humour, il est souvent décrié… Certains humoristes de cette fameuse “génération Ruquier”, n’en sont pas sortis tout à fait indemnes !
Moi, ça me fait un peu rire, ou plutôt ça me met profondément en colère ! Tu ne vas pas mettre tes mains dans un four et te plaindre que ça t’a brûlé ! Tu ne peux pas devenir champion de natation et te plaindre que tu es mouillé en sortant du bassin ! Et bien, quand tu vas dans ce genre d’émission, tu en connais et tu en acceptes les règles : tu sais que tu vas être jugé, noté. Alors oui, on peut critiquer ce système car oui, ce système est critiquable. Mais quand tu y vas, tu sais à quoi t’attendre donc ne viens pas te plaindre après ! Alors, à partir du moment où tu décides de t’exposer, il ne faut pas te plaindre si tu prends un coup de bâton ! En fait je trouve assez hypocrite d’aller dans cette émission en te disant “génial ça peut faire de moi une star de l’humour” et puis quand tu te fais sortir de dire “ils sont cruels et inhumains”… Pour moi, ce n’est pas plus cruel que de passer une audition dans un café-théâtre tenu par un couple qui ne connait rien à la comédie et à l’humour, et qui t’explique, pendant 10 minutes, que tu as des problèmes de diction alors qu’ils ne savent même pas écrire le mot !! Ça aussi, c’est plutôt violent, non ? Par nature ce milieu est cruel parce qu’il est construit sur de l’égocentrisme et de l’orgueil. Et je me mets dans le sac ! On part sur une base qui déjà n’est pas hyper saine. Mais en choisissant de faire de la scène, tu choisis aussi de te mettre en danger. À partir du moment où tu fais des choix dans la vie, il faut les assumer. Je déteste les gens qui n’assument pas leur choix !

Dans ce milieu, il y a quand même parfois une déconnexion de la réalité…

Je suis contente… j’ai réussi à vous mettre en colère (rires !)
Oui… Non…  enfin j’en ai tellement entendu et je trouve ça tellement hypocrite ! Moi je ne me suis pas posé toutes ces questions ! A l’époque, je faisais de la sécurité au stade de France, je partais en RER à 5H30 pour me foutre dans un parking à garder des bus… Alors me prendre 10 ou 12/20 par un membre du jury de l’émission, franchement ça ne m’empêchait pas de dormir le soir !! Au bout d’un moment, j’écrivais deux sketches par semaine et là, plein de gens s’en étonnaient en me demandant comment je faisais… Sauf qu’en écrivant deux sketches bien au chaud à la maison, je gagnais l’équivalent d’un mois de salaire en allant faire le guet sur les parkings du stade de France !! Et eux trouvaient ça incroyable !!! Donc ce que je veux dire c’est que dans ce milieu, il y a quand même parfois une déconnexion de la réalité…

Vous avez connu une autre désillusion avec le cinéma… ?
Ce n’est pas avec le cinéma, mais avec mon premier film que ça s’est mal passé ! En fait, j’ai écrit une comédie sombre et sociale sur le chômage. Les producteurs cherchaient une tête d’affiche pour le premier rôle de ce film, alors j’ai contacté Franck Dubosc que je connais bien, à qui j’ai envoyé le scénario qui lui a beaucoup plu. Et à partir de là, des réalisateurs ont débarqué et commencé à réécrire, à modifier voire changer complètement certaines séquences. Ils ont aseptisé, dénaturé et fait disparaître ce que précisément je voulais montrer sur le chômage. Malgré mon désaccord, ils sont partis en tournage… donc sans moi ! J’ai demandé à ce que mon nom soit retiré de partout parce que je ne cautionne pas ce film. Le film est sorti mais ils n’ont pas fait beaucoup d’entrées et désormais l’affaire est entre les mains du Tribunal.

Du coup, cette mauvaise expérience vous a un peu refroidi ou bien vous avez malgré tout d’autres projets pour le cinéma ?
Je ne suis absolument pas refroidi par le cinéma, d’ailleurs j’ai deux films en cours de préparation : l’un sur la vie de Philippe Croizon qui a relié les 5 continents à la nage alors qu’il est amputé des deux bras et des deux jambes. L’autre est une comédie que je suis en train d’écrire. En fait, je ne prends pas cette mauvaise expérience comme un échec mais plutôt comme une expérience. C’est dommage parce que c’était mon premier film que j’avais passé 4 ans à écrire, et je me suis senti réellement trahi par des gens que j’estimais comme des amis. Et c’est surtout dommage parce que je viens de Charleville Mézières, une ville sinistrée par le chômage, mes parents ont perdu leur boutique, j’ai vécu dans un quartier populaire donc c’est un univers dans lequel j’ai grandi et que je connais bien. C’est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur et ils savaient tous que dans ce film, je parlais d’une expérience personnelle. À partir du moment où la potentialité de l’argent est passée en priorité sur ce projet, on m’en a complètement écarté et le comble c’est qu’on m’a proposé de l’argent pour que je me taise et que je ne porte pas l’affaire en justice. Alors évidemment, si je gagne mon procès je serai dédommagé pour le préjudice, mais si je l’avais fait pour de l’argent j’aurais déjà touché mon chèque ! Je les ai attaqués en justice pour qu’on reconnaisse officiellement que mon film a été dénaturé. Mais bon tout ça ne m’empêche pas de dormir non plus. C’est triste, mais c’est formateur. Après tout, je n’ai que 32 ans !!

Si demain on me prouve que je me suis trompé, j’en serai le premier ravi car, franchement, je ne dis que des horreurs dans ce spectacle !!

Pour conclure, revenons sur votre dernier spectacle, “Vends 2 pièces à Beyrouth”… Je vous laisse nous en parler avec vos mots, car, une fois encore, il faut s’appeler Jérémy Ferrari pour faire un spectacle autour d’un thème aussi grave que La Guerre !
Moi, j’ai choisi d’aborder La Guerre, en prenant un axe très simple : qui la guerre rend heureux ? Qui décide des guerres et pourquoi ? Est-ce que ça génère du profit économique, diplomatique, personnel ? Et la réponse est : bien sûr que oui !! Ce spectacle propose une vision à 360° de ce grave et vaste sujet mais pour autant, il reste vraiment un spectacle d’humour, très simple à comprendre et pas du tout élitiste. Bien entendu, c’est un thème qui nous touche encore plus avec tous ces attentats qui meurtrissent la France. Et c’est sans doute pour ça aussi que mon spectacle fonctionne bien parce que les gens qui viennent le voir ont enfin le sentiment qu’on leur dit des vérités. Sur scène, je n’hésite pas à déballer des noms, des rapports confidentiels, des documents internes de certaines sociétés, et ça ne me pose aucun problème de moralité ! Par exemple, j’amène le bilan comptable d’Action contre la Faim et des documents internes sur leur personnel que je me suis procurés, et bizarrement ils ne m’ont pas encore attaqué pour diffamation…

Il faut préciser ici que vous avez vraiment construit ce spectacle sur des informations et des faits avérés, argumentés et vérifiables preuves à l’appui. Donc on ne peut pas vous accuser de fabuler sur le contexte !
Exactement ! Tous les propos tenus dans ce spectacle sont non seulement basés sur des sources, mais sur des sources croisées. En clair, je ne dis les choses qu’à partir du moment où j’ai pu trouver au minimum deux à trois sources différentes pour les vérifier. D’ailleurs sur mon site Internet, il y a tous les documents de toutes les sources que je cite dans mon spectacle. Donc si on me contredit sur un sujet, je suis totalement prêt à changer mon point de vue à partir du moment dès lors qu’on arrive à contredire les deux ou trois sources sur lesquelles je me suis basé pour écrire. Si demain on me prouve que je me suis trompé, j’en serai le premier ravi car, franchement, je ne dis que des horreurs dans ce spectacle !! (Rires)

Avec un tel spectacle, vous devez désormais avoir plus d’ennemis que d’amis ! Avez-vous reçu des menaces suffisamment sérieuses pour craindre pour votre sécurité ?
Evidemment que mon spectacle ne plaît pas à tout le monde et que je ne me suis pas fait que des copains ! Mais déjà, d’un point judiciaire, on ne peut pas m’attaquer parce que je ne me base que sur des documents avérés et, une fois de plus, il faut dans ce cas prouver que je mens. Ensuite, les gens connaissent ma personnalité et savent que les menaces et les pressions ne fonctionnent pas sur moi… ou du moins si…  elles me mettent encore plus en colère et décuplent mes envies d’en faire et d’en dire encore plus ! J’ai encore pas mal de dossiers en réserve sur pas mal de monde… Du coup, pour le moment, je suis quand même assez tranquille…