L’ARME FATALE DU MAÎTRE DES ARTS MARTIAUX :
L’HUMOUR QUI TUE !

 

Il se sera fait attendre ce jeune talent ! Une quarantaine d’années… mais maintenant qu’il est entré dans la grande famille des humoristes, on ne regrette pas notre patience !
Un peu comme lui, « on n’a rien vu venir », mais maintenant que Philippe Souverville occupe la scène, on ne voit plus que son entrain, son énergie débordante, sa bonne humeur communicative, son envie de tout donner pour notre plaisir et pour le sien. Il gesticule, il danse, il chante… À 46 ans, ce toulousain pur souche est un humoriste heureux, qui croque une nouvelle carrière artistique à pleine dents, ayant trouvé en l’Humour une nouvelle arme fatale, lui qui durant des années a maîtrisé toutes celles des Arts Martiaux !

 

Commencer une carrière d’humoriste à l’aube de la quarantaine c’est plutôt téméraire… certains diraient même totalement inconscient ! Comment en es-tu arrivé là ?
À la base, j’étais professeur d’arts martiaux… ce qui n’a rien à voir. Et puis, j’ai été animateur de club de vacances… ce qui a un peu plus à voir avec ce métier. Mais dans l’animation, à 30 ans, tu es proche de la retraite. En ayant parcouru le monde entier en faisant « youplala » et le con toute la journée, c’est assez difficile d’envisager une reconversion derrière un bureau !! Alors du coup j’ai repris les arts martiaux, et fait beaucoup de démonstrations dans des grandes salles comme les Zénith… L’animation, la scène, le public … tout cela m’a vraiment donné envie de tenter ma chance.

D’accord, mais quand tu vois la galère que connaissent la plupart des jeunes comédiens, tu ne décrètes pas un beau jour de devenir humoriste ! Tu avais quand même des prédispositions… ?
Bien entendu, ce n’est pas venu d’un coup ! Mes années d’animation m’ont apporté quelques expériences. Elie Kakou, Lagaffe, et pas mal d’autres humoristes viennent des clubs. À croire que c’est finalement une bonne école…Les premières scènes où je suis monté pour jouer des sketches, j’ai commencé à faire rire les gens et ça m’a beaucoup plu. Et déjà, je m’étais dit « c’est ça que je veux faire dans ma vie ». J’avais 27 ans et j’ai attendu 40 ans pour le faire. Donc tu vois que l’idée a eu le temps de germer (rires) !

En une nuit j’ai eu le déclic et le lendemain, tous les potes étaient là !

Et donc, au moment où tu as franchi le pas pour devenir humoriste, comment ça s’est passé ?
J’ai invité une quarantaine d’amis dans un bar toulousain où je leur ai présenté un texte que j’avais écrit dans la nuit…

Non… t’es sérieux ?!?!
Si ! Si ! je t’assure. En une nuit j’ai eu le déclic et le lendemain, tous les potes étaient là ! Sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Visiblement, ils ont beaucoup ri mais je leur ai quand même demandé à la fin si c’était pour me faire plaisir ou s’ils m’avaient vraiment trouvé drôle (rires) !

Et… ?
Et… c’était pour de vrai ! Au début je me cachais derrière plein de personnages parce que je trouvais ça plus facile pour faire rire. Mais plus ça va, plus j’ai confiance en ce que je fais et plus je me livre pour raconter des choses perso, de ma vie de tous les jours. Au fil du temps, j’ai évolué, mon écriture et mon spectacle aussi…

Aujourd’hui, tu présentes « Je n’ai rien vu venir »… Un titre criant de vérité !!
Oui, en quelque sorte. Tout s’est enchaîné à une vitesse incroyable. C’est mon 3eme spectacle, qui est en fait un peu le mix des meilleurs moments de deux précédents agrémenté de nouveautés. C’est un spectacle très visuel, très léger, rythmé par de l’humour qui fait du bien ! Le prochain spectacle sur lequel je suis en train de travailler sera un peu plus affiné, avec des sujets et des textes plus approfondis…

Quatre spectacles en 6 ans de carrière… waouh ! quel rythme ! quelle inspiration !
Disons que j’ai beaucoup de choses à dire, à raconter, à partager… Mais j’ai conscience aussi qu’à un moment, il faut aller chercher d’autres inspirations sinon tu risques de tourner en rond sur les mêmes sujets. Donc maintenant, je m’entoure, et je travaille avec un co-auteur plus jeune que moi et qui a donc des choses différentes à raconter ou qui les aborde d’une autre manière. Du coup, ça m’ouvre des portes sur un horizon et un état d’esprit bien plus large. Mais, comme on co-écrit, je garde un œil permanent sur ce qu’il me propose et je sais toujours où l’on va.

Quoiqu’il t’arrive à Avignon, tu en ressors vainqueur

Il y a pour toi un événement majeur qui a été aussi un véritable tremplin : le Festival d’Avignon…
Oui, j’ai déjà participé à 4 éditions et j’espère bien qu’il y en aura beaucoup d’autres encore tellement ce rendez-vous est magique. Mais, tu vois, je ne dirais pas qu’Avignon est un tremplin. Pour moi, c’est plutôt une grosse remise en question et une énorme progression. Quoiqu’il t’arrive à Avignon, tu en ressors vainqueur même si tu as galéré, que tu n’as pas eu tous les pros ou le public que tu espérais… De toute façon, pendant 23 jours tu joues ton spectacle, tu vis ton spectacle, tu rêves ton spectacle, tu parles de ton spectacle… alors forcément tu progresses ! C’est une très bonne école quoiqu’il se passe. À chaque fois que je reviens d’Avignon, j’ai toujours des nouvelles idées de texte, de spectacle.


J’ai une question pas très sympa mais je te la pose quand même… Commencer une carrière d’humoriste à 40 ans, à un moment où une véritable vague de jeunes comiques déferle en France… tu n’as pas peur d’être un peu trop vieux pour te faire une place ?
C’est vrai elle est pas très sympa ta question (éclats de rires) ! Ben, ça fait 6-7 ans que j’occupe le terrain et pour être honnête, je n’ai pas trop galéré jusqu’à présent… Certes, la nouvelle vague arrive, il y a du monde, mais je n’ai pas eu de problème pour trouver des dates, les gens me font de plus en plus confiance… D’ailleurs, je vais jouer bientôt à la Comédie à Toulouse chez les Chevaliers du Fiel, avec un trio qu’on a créé spécialement pour l’occasion. J’évolue à mon rythme, tranquillement… Mais pour être totalement honnête, je comprends ta question parce que quand j’ai démarré il y a 6 ans, effectivement tout le monde se posait à peu près la même et me disait que j’étais complètement fou de me lancer comme ça. Mais pour le moment, je touche du bois et tout va bien pour moi, merci !

Tu serais prêt à passer par la case « télé » pour te faire connaître davantage, en connaissant toutefois les dangers ou du moins les revers d’une telle aventure médiatique ?
Si on me propose de faire une télé, bien sûr que je vais la faire ! Je vois pas pourquoi je la refuserais !! Si j’arrive à rentrer dans le star système, pourquoi pas ? Mais si j’y rentre pas, ça ne va pas me traumatiser ! Quoiqu’il arrive, quand tu fais et que tu aimes ce métier là, dès lors que tu es sur scène tu es heureux ! Après, forcément, je ne vais pas cracher sur des bons cachets, et si on me propose 40 000 € par spectacle je vais quand même pas le refuser !! Bon, pour le moment, ce n’est pas tout à fait le cas, mais sait-on jamais…(rires).

Et tu as une petite idée de la recette pour en arriver là ?
Oui… la coolitude ! En fait, plus tu bosses, plus tu progresses et plus t’es cool. Au début, tu t’affoles, tu cours partout, tu stresses, mais ça ne sert strictement rien. Les choses doivent arriver quand c’est le moment. C’est un métier de patience.

Tu as aussi une vie de famille « ordinaire »… Ce n’est pas trop compliqué de la concilier avec ta nouvelle vie d’artiste ?
Je suis super heureux. J’ai une femme adorable, un gamin de 5 ans super ! Elle savait que ça allait m’arriver. Quand elle m’a connu, je donnais des cours d’arts martiaux et elle savait déjà que la scène m’appelait. Elle m’a toujours encouragé à vivre ma passion et à aller jusqu’au bout de mes rêves. Moi je m’amuse, ma femme bosse… franchement c’est du pur bonheur !! (éclats de rires).

fallait être totalement insouciant pour s’éclater sur Papayoulélé !!!

Revenons à ton spectacle. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
Je parodie la vie de tous les jours, les toutes petites choses du quotidien, et j’essaye d’en faire quelque chose de drôle. Sur ce spectacle « Je n’ai rien vu venir », je fais un flashback sur la révolution technologique qui a véritablement marqué ma génération. Je parle des kodaks jetables, d’Internet… En ce moment, je suis en train d’écrire un sketch sur les internautes anonymes – un peu dans l’idée des alcooliques anonymes – qui disent « j’y ai pas touché depuis 3 ans, et hier j’ai craqué… j’ai re-tweeté » !! (rires). Je parle beaucoup de la société de son évolution…

Et cette évolution, tu la vis comment ?
Tout ce qu’il se passe, ça me fait super peur ! Moi je suis de la génération 80… on écoutait Carlos et on était heureux !! À l’époque, c’était du grand n’importe quoi mais on était bercé par cette forme d’insouciance, voire d’inconscience parce que Papayoulélé… fallait être totalement insouciant pour s’éclater sur Papayoulélé !!! (éclats de rires).

Ce n’est pas un peu risqué de construire un spectacle sur une génération révolue ?
Quand tu regardes le public qui va voir des spectacles d’humour, il y a beaucoup de quadra-quinqua, mais tu te rends compte que les jeunes, ça leur plait aussi parce que c’est des trucs qu’ils n’ont pas connus mais qui les intrigues ! D’ailleurs, tu vois beaucoup aujourd’hui la mode du vintage, les kodaks qui ressortent, les vinyles aussi ! Finalement mon spectacle est très actuel, voire avant-gardiste !!! (éclats de rires).

Retrouvez ici toutes les photos de Yann Etesse lors du passage de Philippe Souverville au Room City le 16/10/2016.

Philippe Souverville est produit par le Room City.