Quatre garçons qui soufflent le vent d’une pop-folk pulpeuse !

The Seasons Album Pulp
Ils sont 4.
4 comme ces garçons dans le vent auxquels on ne peut s’empêcher de penser en les voyant, et surtout en les écoutant…
4 comme les saisons qui laissent autant d’empreintes sur le temps comme le feront sans doute leurs chansons…
4 comme ces 4 années qu’ils partagent depuis le début de leur aventure musicale…
Voilà donc 4 bonnes raisons de ne plus attendre pour découvrir “The Seasons”, ce jeune groupe débarqué de Québec avec son album « Pulp » sorti en France le 25 septembre dernier. Un vrai concentré de fraîcheur au goût folk-pop-rock seventies qui fait d’ores et déjà un carton… paroles de journaliste !

 On ne dira pas exagérément que sur leur continent d’origine, ces jeunes québécois sont des « pop stars », même s’ils ont déjà décroché un véritable succès d’estime. Mais on peut clairement affirmer qu’ils ne laissent pas le vieux continent insensible non plus… comme en témoignent leurs récentes apparitions dans les émissions télévisuelles les plus branchées du moment (Le Petit Journal, Alcaline…), après une jolie tournée en France qui leur a ouvert quelques belles portes, notamment celles du Printemps de Bourges en avril dernier.

C’est d’ailleurs à l’occasion de leur passage à “L’Impasse” de La Seyne/Mer que je les avais rencontrés, interviewés et découverts sur scène le 1er mai dernier… Une fête du  travail effectivement, tant la rencontre fût plaisante !! Surprise d’abord par leur insolente jeunesse (ils ont entre 20 et 24 ans !); étonnée ensuite par leur apparente maturité ; séduite aussi par leur évidente conviction ; et finalement charmée par leur musique, emportée par leurs émotions… bref, convaincue et…CON-QUI-SE !

A l’origine de ce groupe, deux frères : Hubert (le plus jeune) et Julien qui cultivent leur passion pour la guitare, le chant, et le clavier.  Puis deux rencontres, d’abord « pour le fun » avec Samuel à la basse et Rémy à la batterie. Finalement, le groupe The Seasons naît pendant l’hiver 2011, dans le sous-sol de la maison familiale à Beauport, en banlieue de Québec. Un an et demi plus tard, il en sort « Velvet », un EP 7 titres (et sa chanson phare « Apples ») que certains producteurs au flair aiguisé jugent annonciateur d’un bel avenir artistique. Cet avenir s’appelle aujourd’hui « Pulp », leur premier album sorti en avril 2014 au Canada et déjà vendu à plus de 20 000 exemplaires. Pour The Seasons, l’heure est désormais à la conquête de l’Europe, avec la sortie de Pulp simultanément en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Belgique.

En clair, avec Pulp, la récolte The Seasons ne peut être qu’abondante, la pulpe de leur univers musical étant aussi savoureuse que désaltérante… A consommer sans aucune modération !

Christine Manganaro

The Seasons

Christine : Depuis quelques mois, The Seasons débarque en France, d’abord avec son EP, puis une série de concerts et, fin septembre, un nouvel album très prometteur. Alors, pour mieux vous découvrir, commençons déjà par savoir qui vous êtes !
Julien : The Seasons existe en tant que tel depuis près de quatre ans, mais l’histoire a commencé lorsque mon copain Rémy (le batteur) et moi avons décidé de faire de la musique ensemble. On avait déjà quelques bagages musicaux lui et moi, mais au début, on a décidé ça sans but particulier… juste “pour le fun” ! Donc, lorsqu’un soir nous faisions de la musique ensemble, dans le sous-sol de la maison de mes parents, mon frère Hubert n’était pas loin et s’est joint à nous… comme ça, toujours pour le fun ! Et puis, quelques jours plus tard, Rémy a déniché Samuel, un bassiste qui est venu nous rejoindre, comme ça pour le fun !!  On a donc fait une session tous les quatre, et même si ça fait un peu cliché, il y a eu une sorte d’osmose, comme une magie qui s’est opérée ensemble. Alors, on a décidé qu’au-delà du fun, on allait envisager d’aller au niveau supérieur ! (rires)

Cette osmose s’est révélée parce que vous partagiez déjà les mêmes goûts musicaux, ou alors votre style s’est forgé au fur et à mesure de cette construction artistique ?
Rémy : en fait, nous avions déjà une sensibilité musicale assez proche par rapport aux styles musicaux qu’on aimait. C’est pour ça qu’on s’est tout de suite entendus sur la direction que le groupe allait prendre. Il nous a semblé évident de mettre l’accent sur les voix, et on a tout de suite compris qu’il fallait travailler les arrangements autour des harmonies vocales de Julien et Hubert. Au début, The Seasons était un peu plus acoustique. Au fur et à mesure, le son a évolué mais l’âme du groupe reste toujours la même.

Quelle est cette âme justement ?
Hubert : C’est difficile de mettre une phrase là-dessus parce qu’on est un groupe pop avec des influences assez marquées des années 60 et 70, en y ajoutant notre touche de modernité.

Tout en revendiquant le style de cette époque 60/70, on se défend d’être nostalgiques de ce temps que nous n’avons pas connu.

Vous parlez d’influences d’années que vous n’avez pas connues. Vous êtes tous hyper jeunes… puisque vous avez entre 20 et 24 ans !
Hubert : La musique sixties/seventies est de la vieille musique aux yeux des vieux !! (rires).  Mais pour nous, cette production très authentique et son côté un peu psychédélique est une découverte, donc quelque chose de nouveau ! C’est donc un univers qui nous touche beaucoup et que l’on ne voit pas ça comme de la vieille musique, mais au contraire comme de la musique qui nous parle et qui nous inspire !

Peut-The Seasonson dire que vous vivez votre époque à travers cette musique ou alors vous auriez plutôt aimé vivre cette musique à cette époque ?
Julien : c’est une bonne question parce que, tout en revendiquant le style de cette époque 60/70, on se défend d’être nostalgiques de ce temps que nous n’avons pas connu. On trouve ça triste les gens qui vivent dans le passé. Nous, on n’a pas cette impression du « c’était mieux avant »… en fait, on regarde vers l’avant mais en puisant nos inspirations dans le passé, simplement, parce que cette musique nous parle, et qu’on l’aime.

Du coup, vous travaillez aussi vos compositions avec les sons de l’époque ?
Hubert : Disons que notre type d’écriture se veut assez moderne, mais quand on travaille en studio, les méthodes d’enregistrement qui sont plus vintages nous plaisent d’avantage.
Julien : Je dirais pour compléter Hubert que notre démarche répond plus à une philosophie de travail qu’à son côté technique. Si un son de guitare des années 90 peut très bien fonctionner avec une de nos chansons, on ne va pas s’en priver ! Mais on préfère privilégier le côté authentique plutôt que de compter sur les super-technologies pour pallier ou masquer une défaillance !

Pour le moment, on peut dire que cet album est très apprécié

Cela dit, votre parti pris musical fait de vous un groupe presque avant-gardiste car cette tendance “vintage” revient à la mode ! On redécouvre le vinyle, les sons bruts, des prises studios live…
Hubert : On n’aurait pas la prétention de se dire avant-gardiste car je pense qu’il y a d’autres groupes qui font la même chose. Et puis, ces phénomènes de mode, dans la musique, ça nous énerve et on a plutôt envie de les fuir !!
Julien : Nous, on fait notre petite vie artistique dans notre bulle, sans tenir compte des courants en vogue ou des tendances musicales du moment. Si les gens aiment notre musique, tant mieux ! On est heureux que ça leur plaise mais on en fait pas cette musique pour leur plaire… c’est là toute la nuance !

AlorsThe Seasons sans parler de phénomène de mode, on peut quand même dire que vous avez le vent en poupe ! Ça fait quatre ans que vous jouez ensemble, et déjà un album « Pulp » sorti il y a un an au Québec, et depuis septembre en France et en Europe. Quel a été l’accueil de cet album ?
Hubert : Pour le moment, on peut dire que cet album est très apprécié : les ventes sont bonnes, les critiques sont bonnes, le public est là, notre tournée commence à bien se remplir et, partout où nous passons, nous avons un accueil très enthousiaste. Du coup, ça nous motive encore plus pour se lancer dans la production du deuxième album ! (rires).

Quand on a 20-24 ans, c’est difficile de faire sa place dans le milieu artistique au Québec ?
Hubert : Non je ne pense pas, car les Québécois aiment bien la jeunesse !! (rires)
Julien : En fait, que tu aies 20, 30 ou 40 ans, je pense que la Musique est un univers difficile, point !  Et c’est pour ça qu’on se considère comme très chanceux de faire ce qu’on fait en ce moment…


Pour nous la France a quelque chose de sacré, de mythique…

Vous avez un producteur ?
Hubert : Oui ! Mais nous avions précédemment autoproduit notre Ep « Velvet » et les concerts qui nous permettaient de faire découvrir notre musique. Certaines maisons de disques nous ont manifesté leur intérêt et c’est là qu’on a été approchés par Vega Music, un producteur au Québec. Du coup, nous avons eu la chance d’être signés un peu avant la sortie de notre premier album «
Pulp ».

The SeasonsTout va très vite finalement. La formation du groupe, le travail de compos, les premiers concerts, le premier album. Aujourd’hui, la France, vous en attendez quoi ?
Julien : C’est sûr que pour nous la France a quelque chose de sacré, de mythique car beaucoup d’artistes québécois traversent l’Atlantique pour vivre une carrière dans votre pays ! On avait hâte que ça se produise.
Rémy : C’est aussi un gros défi pour nous ! Le marché est plus gros et culturellement différent.


Toutes vos chansons sont écrites en anglais. C’est vrai que le Québec a un attachement très fort à la langue française et refoule un peu tout ce qui est anglophone ?
Samuel : Je vais répondre au nom d’Hubert et Julien car ce n’est pas moi qui compose les paroles. A la création du groupe, vu qu’on avait à peine 18 et 20 ans, on ne s’est jamais vraiment posé la question du choix de la langue pour nos compositions puisqu’on suivait naturellement nos influences et nos inspirations. On a commencé à composer en anglais, et c’est dans cette veine-là qu’on a construit notre identité. Il n’y a pas eu de choix stratégique et réfléchi. Mais c’est sûr qu’au Québec, le fait de chanter en anglais ne nous favorise pas ! Nous en tout cas, on affirme notre double identité en restant persuadés que dans une société francophone, il y a aussi de la place pour de la musique en anglais.
Julien : Ce n’est pas parce qu’on chante en anglais qu’on renie nos origines culturelles francophones ! Mais le fameux « politiquement correct de la chose », on n’y pensait même pas jusqu’à ce qu’on nous fasse comprendre qu’il serait bien de choisir ! Mais nous, c’était trop tard ! Et on ne peut pas blâmer quelqu’un qui fait des choses qui lui viennent du cœur !
Hubert : Cette question de choix qu’évoque Julien est assez marquée au Québec. Ou tu es un groupe francophone, ou tu es un groupe anglophone. Mais nous, on ne se voit pas si différents des autres qui chantent en français. Et en plus, tous les quatre, nous partageons la conviction qu’il est extrêmement important de préserver la langue française, autant au Québec qu’en France ! Mais, il ne faut pas mélanger les choses. Ce n’est pas parce que tu chantes en anglais que tu veux abolir ta langue maternelle et culturelle…

 Ce grand débat linguistique est assez spécifique à votre pays car ici en France, on a même tendance à abuser des anglicismes !
Julien : C’est un peu normal parce qu’on est seulement 7 millions au Québec et on est les seuls francophones au milieu d’un pays qui ne parle qu’anglais ! Donc c’est important pour nous de préserver notre langue d’origine !

The SeasonsVotre album « Pulp » vient de sortir en France, et simultanément en Belgique, aux Pays Bas et en Allemagne. Vous nous disiez préparer un deuxième album à sortir au Québec. Votre tournée continue avec de beaux concerts à votre actif. Décidément, en 2016, on n’entendra parler que de vous !?
Julien : (rires) Oui ! Il faut vous préparer ! Aimez-nous, car c’est loin d’être fini ! Et si vous nous aimez pas, vous risquez de passer une mauvaise prochaine année !! (éclats de rire collectif).

Retrouvez les photos du concert de l’Impasse