Nous n’irons pas jusqu’à prétendre être de « bons vieux amis », mais Marco Paolo fait désormais partie intégrante de l’univers artistique que nous mettons tout notre cœur et notre énergie à défendre et à promouvoir ! Et chaque rencontre reste autant un plaisir qu’une (re)découverte portés par cette même fraîcheur à chaque fois que l’artiste monte sur scène… 

Ces sentiments tiennent aussi à la simplicité du bonhomme, de nature souriante puisqu’il est un enfant du soleil et de la méditerranée… Mais, loin de s’ancrer dans le microcosme trop souvent caricaturé de son Marseille natal,  Marco Paolo regarde d’autres horizons bien plus vastes… Marco regarde, observe, s’inspire, écoute, s’étonne, s’énerve et en rit. Marco Paolo grandit, écrit,  murit, progresse et avance. La tête bien posée sur ses épaules, l’artiste ne rêve pas, mais il espère… lui qui, pour la première fois est nourri par la certitude d’avoir trouvé sa voie après l’avoir tant cherchée…

Marco Paolo n’a pas dit ses derniers mots… il n’en est même qu’aux balbutiements de sa jeune carrière d’humoriste ! Et nous, on est bien content d’être là pour l’écouter et le voir grandir…

L’équipe de Cibiwaï


Boris : Peux-tu nous retracer brièvement le parcours qui t’a amené jusqu’à ce métier d’humoriste ? En clair, qui es-tu ?

Marco PaoloMarco : Mon nom de scène, c’est Marco Paolo. Mon vrai nom… je ne te le donne pas au cas où le fisc  me chercherait encore !! (rires). Tu veux savoir comment j’ai démarré ? Eh bien, j’avais pris une affaire en gérance sur le port de La Madrague à St Cyr/Mer et ça se passait pas trop mal jusqu’au mois de septembre. Mais une fois la saison terminée, je me faisais « chier » à un point que tu ne peux même pas imaginer !!  Un jour, j’ai reçu un coup de fil de ma mère qui travaille dans les écoles maternelles comme adjointe à la maîtresse. Nous, on appelle ça une « Tata ». Je l’ai écouté un long moment me raconter sa journée et ça m’a donné envie d’en écrire un sketch. J’avais déjà eu ce genre de flash dix ans auparavant, quand l’équipe de France était championne du monde en 1998. J’avais halluciné sur le nombre de sponsors qui parrainaient les joueurs : assurances, téléphones, banques, autos… Non seulement ils touchent un fric monstrueux mais en plus ils ne sortent pas un rond puisque tout leur est payé ! Du coup, j’avais écrit un sketch là-dessus en 1999, mais je l’avais oublié dans un coin et je n’avais plus rien fait depuis…

Christine : Mais tu te sentais une vocation de comique à l’époque ?

Marco : Non, pas plus que les clients de mon bar qui sortaient parfois quelques plaisanteries ! Je n’ai jamais été le clown de service et je n’ai pas le talent de certains qui te balancent une vanne toutes les 2 secondes ! Mais j’ai compris plus tard que faire le pitre dans un bar et exercer le métier de comique ce sont deux choses vraiment différentes ! Donc pour reprendre le cours de mon histoire et revenir à cette fameuse année 2008 quand ma mère m’a raconté sa folle journée de tata… j’ai eu à ce moment-là le gros déclic ! Mais j’avais déjà fait tellement de petits boulots dans ma vie que, si j’avais dit à ma famille que je voulais devenir humoriste, elle m’aurait définitivement pris pour un fou !! Marco PaoloDu coup, pour justifier mes absences, je leur disais que j’allais livrer du vin avec un collègue mais en vrai, j’allais à Paris pour faire des scènes ouvertes et « tester mon humour » ! Je ne voulais pas aller à Marseille pour que personne ne me reconnaisse. Et puis, le jour de mes 33 ans, prétextant une soirée d’anniversaire, j’ai invité toute ma famille à une soi-disant « soirée cabaret ». Et quand les lumières se sont allumées sur scène, l’artiste… c’était moi !

J’avais déjà fait tellement de petits boulots dans ma vie que, si j’avais dit à ma famille que je voulais devenir humoriste, elle m’aurait définitivement pris pour un fou !!

Christine : Cette fois, on peut dire que tu as trouvé ta voie ?

Marco : On peut déjà dire que c’est la première fois que je fais le même boulot pendant 4 ans et que je ne m’en lasse pas !! (rires). Plus sérieusement, je pense effectivement que ce métier me correspond vraiment…

Christine : Rapidement, tu es entré dans un cercle d’humoristes notamment via le Marseille Comedy Club que tu as fondé…

Marco : J’ai vite compris que tout seul dans son coin, on ne fait pas grand-chose, surtout dans le petit univers des humoristes. C’est toujours difficile de trouver des lieux qui nous accueillent… Donc je me suis dit qu’en fédérant les humoristes marseillais, l’effet de groupe allait peut-être pousser les gens à venir nous voir… Et visiblement ça a marché puisqu’avec le Marseille Comedy Club, on a joué, entre autres, onze fois à l’Espace Julien à Marseille…  Souvent, on accueille aussi des pointures qui font la tête d’affiche de nos plateaux, comme Yves Pujol, Anthony Joubert, Nicole Ferroni, Titoff, les Bonimenteurs… et Patrick Bosso qui nous a fait l’honneur d’être notre parrain !

Boris : C’est la première fois que tu viens jouer à la Seyne ?

Marco PaoloMarco : La Scène ?!?! Ah… non La Seyne ! J’ai eu peur, je croyais que tu faisais un jeu de mot et que tu me demandais si c’était la première fois que je montais sur scène ! (rires). Dans ce nouveau lieu de l’Impasse à La Seyne sur Mer, oui c’est la première fois !

Boris : As-tu une certaine appréhension lorsque tu vas à la rencontre d’un nouveau public ?

Marco : Pour être honnête, j’essaye de ne pas avoir d’idée préconçue lorsque j’arrive dans un nouveau lieu. Car souvent, lorsqu’on me dit « tu vas voir, ici tu vas t’éclater, le public est génial… », au final il y a souvent des mauvaises surprises. A l’inverse,  quand on te dit « attention ! Ne fais pas trop ci ou ça chez nous, ils sont un peu difficiles… », souvent les gens finissent debout avec la banane jusqu’aux oreilles… Donc, quand je dois jouer quelque part, je fais tout simplement ce que j’ai à faire…

Arrivé à un certain stade, on ne peut plus tout faire tout seul et tout savoir !

Christine : Tu es un autodidacte et jusqu’à présent tes intuitions t’ont plutôt bien réussi puisque tu commences à avoir une belle notoriété. Mais ne crains-tu pas d’atteindre une limite à un moment donné ?

Marco : Si c’est certain ! Arrivé à un certain stade, on ne peut plus tout faire tout seul et tout savoir ! Si la plupart des humoristes reconnus dans ce métier se sont bien entourés, ce n’est pas pour rien ! Tous les conseils sont bons à prendre pour éviter d’aller droit dans le mur. Moi, j’ai les oreilles et les yeux grands ouverts et je suis toujours à l’écoute si ça me permet d’avancer et de progresser…

Christine : Y a-t-il un auteur ou un metteur en scène avec qui tu aimerais travailler ?

Marco PaoloMarco : Non, pas particulièrement car en fait, je ne connais pas grand monde dans ce milieu. Mais c’est sûr que si demain je fais la connaissance de celui qui écrit des sketchs pour Gad Elmaleh par exemple et qu’il me propose son aide, je saute à pieds joints !! Je suis conscient que pour franchir un palier, jouer un spectacle dans la France entière et surtout dans la capitale, il faut aller dans le vif du sujet et dans l’efficacité !

Christine : Pour le moment en tout cas, l’artiste Marco Paolo est très marqué par son caractère méditerranéen…

Marco : Pour être très clair, je ne veux absolument pas tomber dans la caricature de l’humoriste marseillais et tous les clichés qui vont avec !! Quand on a un accent très prononcé comme le mien, c’est déjà un très gros handicap pour sortir de la région PACA. Alors, si en plus je rentre dans des « allez l’OM, c’est l’heure du pastis, on s’fait une partie de cartes, on sort la triplette de boules… », je n’ai plus aucune chance d’en sortir !

Je ne veux absolument pas tomber dans la caricature de l’humoriste marseillais et tous les clichés qui vont avec !!

Christine : J’évoquais ton caractère méditerranéen au sens large… avec justement ce métissage culturel entre tes origines sudistes, algériennes et corses…

Marco PaoloMarco : Ah ça… on ne peut pas me l’enlever effectivement ! C’est moi au naturel. Mais ce que je raconte dans mon spectacle, c’est la vie de monsieur et madame tout le monde.  Toutes ces petites choses au quotidien qui nous pourrissent la vie ou qui nous énervent : les courses dans les grandes surfaces, les bouchons sur la route, les relations de couple, l’éducation des enfants… Moi, je raconte tout ça à ma façon et chacun le perçoit à sa manière !

Christine : On a appris récemment beaucoup de bonnes nouvelles te concernant… et qui confirment à l’évidence ton avenir prometteur. Ta présence sur le prochain festival des Fantaisies Toulonnaises, ton invitation sur le Festival de l’Humour de Montreux début décembre, et en juin 2014, sur le Festival du Rire à Québec…

Marco : Effectivement, si tout ça se réalise, ce sera formidable !  C’est pour moi un grand honneur et un énorme plaisir d’être invité au Québec… d’autant que je comptais y passer des vacances l’été prochain, donc si je suis déjà sur place pour le travail, ça m’évitera de payer le billet d’avion !! (rires)

Christine : Et puis tu partiras déjà avec une petite longueur d’avance puisque tu t’es déjà distingué au Festival d’Humour franco-québécois de Lourdes, en juin dernier…

Marco : Effectivement, j’ai décroché à cette occasion le Prix du public… en clair, le plus beau !

Boris : As-tu d’autres projets en cours ?

Marco : En parallèle de mon one man show, je travaille actuellement sur une pièce de Marcel Pagnol que je suis en train de monter. Après, les choses viennent au fil du temps et des idées. En ce moment, j’ai pas mal d’inspiration pour des parodies, comme par exemple celle de Stromae avec Papaouté…

Retrouvez les photos de cette soirée, réalisées par Claudine